Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le fils sentit qu’elle ne pouvait dissimuler sa satisfaction.

— Bonjour, maman. Je venais chez vous, répondit-il froidement.

— Quoi ? Tu ne vas pas faire la cour à madame Karénine ? ajouta-t-elle quand la princesse Sorokine se fut éloignée ; elle fait sensation. On oublie la Patti pour elle.

— Maman, je vous ai priée de ne pas me parler d’elle, répondit-il en fronçant les sourcils.

— Je dis ce que tout le monde dit.

Vronskï ne répondit pas et après avoir échangé quelques mots avec la jeune princesse Sorokine il sortit. À la porte il rencontra son frère.

— Ah ! Alexis ! quelle lâcheté !… Une sotte, rien de plus… Je voulais aller voir madame Karénine. Allons ensemble, lui dit-il.

Vronskï ne l’écoutait pas ; il descendit rapidement l’escalier, sentant qu’il avait un devoir à accomplir, mais il ignorait lequel.

Il lui en voulait de le mettre ainsi dans une position fausse et d’autre part il était plein de pitié pour elle et ému de ses souffrances.

Il descendit à l’orchestre et se dirigea vers la baignoire d’Anna. Strémov était devant la loge et causait avec Anna.

— Il n’y a plus de ténors, disait-il, le moule en est brisé.

Vronskï salua et s’arrêta pour parler à Strémov.