Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/283

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Volontiers ; avez-vous déjà chassé cette année ? répondit Lévine s’adressant à Veslovski, dont il regardait la jambe, avec cette fausse cordialité que Kitty lui connaissait et qui lui allait si mal. Je ne sais pas si nous trouverons des bécasses, mais les bécassines abondent ; seulement il faudra partir de bonne heure. Vous ne serez pas fatigués ? Cela ne te fatiguera pas, Stiva ?

— Moi, fatigué ! jamais. Si vous le voulez, ne nous couchons pas cette nuit, et allons nous promener.

— En effet, ce serait très bien ! approuva Veslovski.

— Ah ! oui ! tu en es capable, dit Dolly avec cette nuance d’ironie qui maintenant accompagnait toujours tout ce qu’elle disait à son mari, aussi bien que d’empêcher les autres de dormir. Mais voilà l’heure, moi, je me retire, je ne soupe pas.

— Non, Dollinka, reste un peu, dit Stépan Arkadiévitch allant s’asseoir auprès de sa femme à la grande table où l’on soupait. J’ai tant de choses à te raconter.

— Peu de choses sans doute.

— Sais-tu que Veslovski a vu Anna, et il retournera les voir en vous quittant. Ils ne sont qu’à soixante-dix verstes d’ici. Je compte y aller aussi. Veslovski ! viens donc là.

Veslovski changea de place et s’assit à côté de Kitty.