Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/296

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manière de regarder la vie comme une fête perpétuelle, sa recherche d’élégance, et l’importance qu’il attachait à ses ongles longs et soignés et à tous les autres avantages de sa personne. Mais on pouvait bien lui pardonner cela en échange de sa bonhomie et de sa bonne éducation. Il plaisait précisément à Lévine par sa bonne éducation (il prononçait admirablement le français et l’anglais) et parce qu’il était de son monde.

Le cheval de gauche, un cheval des steppes du Don, plaisait beaucoup à Vassenka ; il ne cessait de l’admirer. « Comme ce doit être bien de galoper sur ce cheval dans la steppe ! n’est-ce pas ? » disait-il. Il s’imaginait l’allure du cheval des steppes avec quelque chose de sauvage, de poétique, d’irréel. Mais sa naïveté jointe surtout à son joli sourire désarmait, et l’élégance de ses mouvements séduisait. Soit que son caractère fût sympathique à Lévine, soit que pour racheter son injustice de la veille, Lévine s’efforçât de trouver en lui quelque chose de bon, toujours est-il qu’il éprouvait un grand plaisir en sa société.

À peine eurent-ils fait trois verstes que Veslovski s’aperçut de l’absence de son portefeuille et de ses cigares ; il ne savait pas s’il les avait perdus ou laissés sur la table, et comme son portefeuille renfermait trois cent soixante-dix roubles il voulut s’en assurer.

— Savez-vous, Lévine, je vais prendre votre