Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/418

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la conversation qu’elle avait dû avoir avec Dolly, dans la chambre de laquelle elle était restée si longtemps. Mais elle ne laissait rien paraître, et il ne vit que cette grâce dont il subissait toujours le charme et la conscience de cette beauté dont elle connaissait si bien la force.

Il ne voulait pas l’interroger, il espérait qu’elle parlerait, mais elle dit seulement :

— Je suis contente que Dolly t’ait plu.

— Mais je la connais depuis longtemps. C’est une femme excellente, mais excessivement terre à terre. Je n’en suis pas moins très content de sa visite.

Il prit la main d’Anna et la regarda d’un air interrogateur.

Elle comprit autrement ce regard et lui sourit.


Malgré les instances réitérées des maîtres de la maison, le lendemain matin, Daria Alexandrovna fit ses préparatifs de départ. Le cocher de Lévine, vêtu d’un cafetan râpé et coiffé d’un chapeau de postillon, l’air sombre et résolu, fit avancer devant le perron couvert et sablé la vieille voiture au garde-boue raccommodé, attelée de chevaux dépareillés.

Les adieux de Daria Alexandrovna avec la princesse Barbe et les messieurs furent plutôt froids ; la journée qu’ils avaient passée ensemble avait clairement démontré à elle et à ces hôtes qu’ils n’étaient