Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/44

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Les mariés cherchaient à comprendre ce qu’on voulait d’eux, mais ils se trompaient chaque fois, et le prêtre les corrigeait à voix basse. Enfin quand ils eurent fait ce qu’il fallait, les signant avec les bagues, il remit de nouveau à Kitty la grande bague et à Lévine la petite ; de nouveau ils s’embrouillèrent et deux fois il fallut recommencer.

Dolly, Tchirikov, Stepan Arkadiévitch s’avancèrent pour leur indiquer ce qu’ils devaient faire. Il se fit un mouvement : on riait, on chuchotait, mais l’expression grave et attendrie des jeunes mariés ne changeait pas. Au contraire, au milieu de leur embarras ils gardaient une attitude plus sérieuse et plus grave qu’auparavant, si bien que le sourire de Stépan Arkadiévitch qui chuchotait que chacun devait mettre sa bague s’arrêta involontairement sur ses lèvres. Il sentit que tout sourire les blesserait.

— « Ô Dieu qui, dès le commencement du monde, as créé l’homme et la femme, commença le prêtre, après l’échange des bagues, c’est toi qui unis les époux pour la continuation de l’espèce humaine… Bénis tes serviteurs Constantin et Catherine et mets dans leur cœur la foi, la vérité et l’amour. »

Lévine sentait de plus en plus que toutes ses idées sur le mariage et tous ses rêves d’avenir étaient puérils et enfantins. Ce qui s’accomplissait