Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/446

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Vronskï, en uniforme de chambellan, qui causait avec animation.

La veille encore, au cours des élections, Lévine l’avait remarqué et évité soigneusement, ne désirant pas le rencontrer. Il se réfugia près d’une fenêtre, tout en examinant les groupes qui se formaient et prêtant l’oreille à ce qu’on disait autour de lui. Il était mécontent, car au milieu de tous les autres, animés, inquiets, intéressés, lui seul, ainsi qu’un vieillard édenté, en uniforme de marine et qui, marmonnant entre ses lèvres, venait de s’asseoir près de lui, ne s’intéressaient nullement à ce qui se passait et ne savaient que faire de leur personne.

— C’est une telle crapule ! je le leur ai dit, mais non… Comment donc ! Pendant trois ans il n’a pu y arriver, disait véhémentement un propriétaire de taille moyenne, et très excité, dont les cheveux pommadés tombaient sur le col brodé de son uniforme, tandis qu’il frappait fortement du talon de ses bottes neuves étrennées évidemment pour la circonstance.

Il jeta un regard mécontent sur Lévine et lui tourna le dos.

— Oui, c’est une affaire malpropre. Il n’y a pas d’autre mot, continua d’une voix perçante le propriétaire.

Puis un grand groupe de propriétaires entourant un gros général se dirigea rapidement du côté de Lévine. Les propriétaires évidemment cherchaient