Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/111

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riques, et même ici, d’après l’exposition de ce même paragraphe et du § 28, des diverses opinions contraires, on voit qu’il n’y a pas de principe pareil et que ce dogme s’est formé peu à peu. Suit aussitôt la confirmation que ce dogme est venu non d’un principe quelconque, mais qu’il date d’une période très définie de l’histoire de l’Église :

Mais dans les premiers siècles cette vérité fut différemment exprimée même par les docteurs orthodoxes. Les uns employaient les mots : οὐσία, φύσις, substantia, natura, pour désigner l’être ou l’essence de Dieu. D’autres, en fort petit nombre du reste et fort rarement, se servaient des mêmes mots pour désigner les personnes divines. Plusieurs se servaient, dans le même but, des mots : ὐπόστασις, ὐπαρσις, ou τρόπος. Il y en avait, au contraire, qui comprenaient, sous ces expressions, l’essence de Dieu, et désignaient les personnes sous celle de πρόσωπον, persona. Cette différence dans l’emploi du mot hypostase suscita déjà de violentes disputes en Orient, principalement à Antioche, et mit pendant quelque temps la désharmonie entre les Églises d’Orient et d’Occident, qui enseignaient, les unes, de crainte d’être accusées de sabellianisme, qu’il y a en Dieu trois hypostases ; les autres, une seule, pour échapper au reproche d’arianisme. Pour résoudre ce doute, on convoqua à Alexandrie un concile, dans lequel siégèrent, avec saint Athanase, des évêques d’Italie, d’Arabie, d’Égypte et de Lybie. Là furent entendus les représentants des deux opinions, et il fut reconnu que les deux partis avaient identiquement la même croyance, exprimée seulement en des termes différents ; on déclara orthodoxes et ceux qui soutenaient « qu’il y a en Dieu une essence unique et trois hypostases », et ceux qui affirmaient « qu’il n’y a en Dieu qu’une seule hypostase et