Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autre qui me rend témoignage » (Jean, v, 32) ; que, sous le nom de Fils, il se comprenait lui-même, en qui les Apôtres reconnaissaient déjà réellement le Fils de Dieu, issu de Dieu même (Matthieu, xvi, 16 ; Jean, xvi, 30) ; qu’enfin sous le nom de l’Esprit il entendait un autre consolateur qu’il avait déjà promis de leur envoyer en sa place de la part de Dieu (Jean, xiv, 16 ; xv, 26).

Qu’en disant « Père » Christ ait pensé à Dieu, il n’est point besoin de prouver cela, tous l’admettent. Mais que par « Fils, » il comprit soi-même, et par « Esprit », une nouvelle personne de la Trinité, de cela il n’y a pas de preuves, et il n’en peut être. Comme preuve qu’il est la seconde personne, on cite le verset 10 du chapitre xvi de Matthieu, où Pierre dit au Christ, ce que ce dernier disait toujours de tous les hommes : qu’ils sont les fils de Dieu ; et Jean, xvi, 30, où ses disciples lui disent la même chose et ce qu’il enseigne à tous les hommes. Pour prouver la distinction de la troisième personne, on répète de nouveau les versets de Jean : xiv 16 et xv 26, qui signifient tout autre chose.

Jésus-Christ, en disant : consolateur, entend l’esprit de vérité, et ne saurait désigner par là aucune des trois personnes. C’est pourquoi dans les évangiles, sauf ce passage qui ne prouve rien, on ne peut trouver aucune autre preuve. Mais la théologie ne s’embarrasse pas pour si peu. Elle tient sa thèse pour démontrée et dit :