Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/132

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être puisque les mots οὐσία et hypostases signifient tantôt des choses différentes, tantôt les mêmes choses et s’emploient indifféremment :

Si le christianisme enseignait que Dieu est unique par son essence et triple par cette même essence, où qu’il y a en Lui une seule personne et trois personnes, ou même qu’en Lui la personne et la nature sont identiques, alors il y aurait réellement contradiction. Mais, répétons-le, ce n’est point cela qu’enseigne la religion du Christ, et quiconque ne confondra pas volontairement les idées chrétiennes sur l’essence et les personnes divines n’aura jamais l’idée de chercher une contradiction intime dans le dogme de la sainte Trinité, (p. 251).

« Ne pas confondre volontairement ! »

Mais j’ai tendu toutes les forces de ma raison pour trouver dans la doctrine une différence quelconque entre les conceptions de l’essence et des personnes, et je n’ai rien trouvé, et l’auteur sait qu’il n’y en a pas :

En second lieu, pour appeler une proposition quelconque contradictoire avec la saine raison et avec elle-même, il faut au préalable concevoir parfaitement cette proposition, bien saisir la signification de son sujet et de son attribut, et voir l’incompatibilité de l’un avec l’autre. Or, pour ce qui concerne le mystère de la sainte Trinité, personne ne peut jamais se flatter d’avoir satisfait à ces conditions ; ce n’est que par rapport aux créatures que nous connaissons le sens des mots nature ou essence, et ce que c’est qu’une personne ; mais nous sommes hors d’état de comprendre pleinement et l’essence ou la nature et les personnes dans la Divinité, qui est infiniment au-dessus de toutes les