Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/157

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Ces preuves de l’unité du genre humain ne sont remarquables qu’en ce que, devant nos yeux, se passe la formation de ce qu’on appelle le dogme, qui, en réalité, ne représente autre chose que certaines expressions d’une opinion particulière dans une discussion quelconque. Les uns prouvent que les hommes ne pouvaient avoir un seul père, les autres prouvent que c’est possible. Les uns et les autres ne peuvent citer au profit de leur thèse rien de très probant, et cette discussion, qui n’est pas intéressante, n’a rien de commun avec la question de la foi, avec la question du sens de la vie. Mais ceux-ci discutent non pour résoudre la question scientifique mais parce qu’une certaine solution leur est nécessaire. Elle confirme leur tradition.

La théologie s’évertue à prouver que Dieu pouvait compter les jours quand il n’y avait pas de soleil, en « faisant vibrer la matière » ; et afin de prouver que tous les hommes tiraient leur origine d’un seul la théologie dit :

« Toutes les langues et tous les dialectes humains se rapportent à trois classes principales : l’indo-européen, le sémitique et le malais, et remontent à la même racine, que les uns retrouvent dans l’hébreu et que les autres ne déterminent pas » (p. 530).

La théologie dit sur ces faits ce qu’elle sait et ce qu’elle peut. Et les paroles insensées (sur la vibration de la matière) passent inaperçues dans le