Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/169

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l’ordre de Dieu, l’un fut nommé arbre de vie, et l’autre, qui a servi à la connaissance du péché, arbre de la science du bien et du mal. Ce dernier fut offert à Adam comme une occasion de vertu, et l’arbre de vie comme une récompense de son respect pour le commandement.

Deuxième remarque. — Cet arbre est appelé l’arbre de la science du bien et du mal, non qu’il eût en effet la vertu de communiquer à nos premiers parents une connaissance qui leur était étrangère, mais parce qu’en goûtant de ses fruits ils pouvaient connaître par expérience et connurent en réalité la différence qui existe entre le bien et le mal : « entre le bien, » remarque Augustin, « dont ils étaient déchus, et le mal dans lequel ils étaient tombés. » C’est l’idée que professent unanimement les anciens Docteurs de l’Église.

Troisième remarque. — Cet arbre, selon certains Docteurs, n’était point mauvais et vénéneux dans sa nature ; au contraire, il était bon, comme toutes les autres créations de Dieu ; mais Dieu ne le choisit que comme un instrument d’épreuve pour l’homme, et ne défendit peut-être l’usage de ses fruits que parce qu’il eût été prématuré encore pour l’homme nouvellement créé. « L’arbre de la science, dit saint Grégoire le Théologien, ne fut point planté au commencement dans de mauvaises vues ; ce ne fut en aucune façon l’envie qui défendit de touchera ces fruits (que l’impie se garde bien de le contester, à l’exemple du serpent) ; au contraire, il était sain pour qui mangeait de ses fruits en temps convenable (car selon moi, cet arbre, c’était la contemplation à laquelle peuvent se livrer sans danger ceux-là seuls qui se sont perfectionnés par l’expérience) ; mais il était malsain pour des gens simples encore et immodérés dans leurs désirs, comme une nourriture substantielle est nuisible à un estomac débile et demandant du laitage. » « Cet arbre est sain, dit à Adam, de la part de Dieu, le bienheureux Augustin, qui comprenait déjà l’arbre défendu dans ce sens