Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/190

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action. Cela est particulièrement sensible par rapport aux créatures douées de raison et de liberté, qui ont constamment besoin de la grâce de Dieu pour pouvoir avancer dans la vie spirituelle. Au reste, par rapport aux créatures morales, il n’y a réellement coopération de Dieu avec elles que lorsqu’elles choisissent en toute liberté et font le bien ; mais, dans tous les cas où elles choisissent et font le mal volontairement, il n’y a là que permission de la part de Dieu, et nullement aide et coopération ; car Dieu ne peut point faire le mal, et il ne veut point punir les créatures morales d’une liberté dont il les doua lui-même.

Enfin, le gouvernement ou la direction, c’est cette action divine par laquelle l’Être infiniment sage dirige les créatures, avec toute leur vie et leur activité, vers les différentes fins qu’il leur assigna, corrigeant et faisant tourner à bien, autant que possible, toutes leurs œuvres, même les plus mauvaises.

On voit par là que toutes ces actions de la divine Providence sont distinctes les unes des autres. La conservation embrasse et l’existence des créatures et leurs facultés, et leur activité ; la coopération se rapporte proprement à leurs facultés ; la direction à leurs facultés et à leur activité. Dieu conserve tous les êtres de l’univers ; Il ne prête coopération et assistance qu’aux bons ; quant aux méchants, Il les laisse déployer leur coupable activité ; Il les gouverne également tous, et aucune de ces trois actions de Dieu n’est renfermée dans une autre. On peut conserver un être sans coopérer avec lui ni le diriger ; coopérer avec lui sans le diriger ni le conserver, enfin le diriger sans le conserver ni coopérer avec lui. Néanmoins, d’un autre côté, il est à remarquer que ces trois actions de la divine Providence ne sont distinctes et séparées que pour nous, à raison des différentes manières dont la Providence se manifeste dans les êtres bornés et infiniment variés de l’univers, et par suite des bornes de notre raison, mais qu’en elles-mêmes, elles sont indivisibles et ne consti-