Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tuent qu’une même action divine infinie ; car, de même que Dieu « embrasse d’un seul regard et le tout et chaque être en particulier », ainsi fait-il tout par une opération simple, indivisible. C’est par une seule et même action qu’il conserve toutes ses créatures, coopère avec elles et les gouverne.

La Providence divine se divise ordinairement en Providence générale et Providence particulière : la première embrasse l’univers, en général, ainsi que les ordres et les espèces de créatures qui y sont ; la seconde s’étend sur chaque être de l’univers en particulier et sur chaque individualité quelque infiniment petite qu’elle paraisse ; et l’Église orthodoxe, en confessant que Dieu, du plus petit au plus grand, a une connaissance exacte de tout et prend soin de chaque créature en particulier, reconnaît évidemment ces deux sortes de providences.

Les idées que nous venons de donner de la divine Providence excluent complètement : l’erreur des Manichéens, des gnostiques et autres hérétiques, qui, subordonnant tout au destin, ou considérant l’univers comme l’ouvrage d’un principe malfaisant, ou croyant que l’univers peut se passer des soins de Dieu, niaient tout à fait la divine Providence avec toutes ses dispensations ; l’erreur des Pélagiens, qui refusaient proprement la coopération de Dieu aux créatures tant irraisonnables que raisonnables, le comptant pour incompatible avec leur perfection et leur liberté, ainsi que l’erreur opposée de certains sectaires qui, croyant à la prédestination absolue (prœdestinationismus), exagèrent l’action providentielle sur les créatures raisonnables au point de détruire presque toute leur liberté, et considèrent Dieu comme le véritable auteur de toutes leurs actions, bonnes ou mauvaises. ; enfin l’erreur de quelques penseurs anciens et modernes, qui n’admettent que la Providence générale et rejettent la Providence particulière, l’envisageant comme indigne de Dieu (pp. 626-628).