Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/211

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sent pas la vérité, que les femmes enfantent dans les douleurs, et que l’homme gagne son pain à la sueur de son front. Prouver la fausseté de ce dogme, c’est la même chose que réfuter l’affirmation d’un homme qui prétendrait que j’ai quatre pieds. Cette affirmation peut seulement m’inciter à chercher quel peut être le prétexte qui pousse cet homme à parler ainsi.

Il en va de même pour le dogme de la Rédemption.

Le fait qu’après la soi-disant rédemption, par Jésus-Christ, il ne se fit aucun changement dans l’état de l’humanité, est évident pour tous. Quel prétexte l’Église invoque-t-elle donc pour affirmer le contraire ? C’est la question qu’on se pose malgré soi. Le dogme est basé sur le péché originel. Mais le dogme du péché originel, comme nous l’avons vu, n’est rien d’autre que le déplacement de la question du bien et du mal du domaine de l’expérience intérieure, accessible à chacun, dans le domaine de l’imagination.

L’un des fondements les plus mystérieux de la vie de l’homme, la lutte intérieure entre le bien et le mal, la conscience de sa liberté et de sa dépendance de Dieu, est exclu, par le dogme de la rédemption, de la conscience de l’homme et transporté dans la fable. On raconte que 7.200 ans auparavant Dieu créa Adam, libre, c’est-à-dire l’homme ; que cet homme faillit à cause de sa liberté, ce