Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/220

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but qui ne peut appartenir à nul être créé ; ensuite Il se nomme Fils unique (μονογενὴς) de Dieu, sans doute dans le sens propre c’est-à-dire engendré de la nature divine, ayant la nature divine ; car à ce Fils appartient l’omniprésence, — attribut divin ; enfin Il atteste que sans la foi en Lui, nommément comme Fils unique de Dieu, qui est omniprésent le salut, est impossible aux hommes (p. 52).

À la question de Nicodème : Comment l’homme peut-il naître de nouveau pour entrer dans le royaume de Dieu ? Jésus répond que personne ne peut monter au Ciel que celui qui connaît déjà Dieu. On peut interpréter ces paroles de bien des façons, mais on ne peut y voir Jésus parlant de lui. Il est évident, en effet, qu’il parle de tous les hommes, qu’il désigne clairement par : Fils de l’homme. Du sens de tout cet entretien avec Nicodème, qui commence par l’affirmation de Jésus : que personne ne verra le royaume de Dieu, s’il ne vient pas d’en haut, il est évident qu’en parlant du Fils de l’homme, Jésus parle non de soi-même mais de tous les hommes. En outre, dans tout l’entretien, il est question tantôt du fils de l’homme tantôt du fils né, unique, mais il n’est dit nulle part que ce Fils de Dieu soit exclusivement Christ. Enfin ces paroles ne peuvent avoir la signification que leur prête l’Église, car l’expression Fils de l’homme signifie nettement le fils humain, c’est-à-dire les hommes ; et l’appellation de « Fils de Dieu » est celle même par laquelle Jésus enseignait aux