Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/241

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est forcé de comprendre qu’il a affirmé à plusieurs qu’il n’est pas Dieu. Si encore il avait révélé à ses disciples les plus proches ce mystère qu’il a transmis aux hommes. Mais non, tous ses disciples enseignent qu’il est juste intermédiaire entre les hommes et Dieu, et non Dieu.

Mais voilà qu’il s’ensuit que pour notre salut, qui vient de lui, il faut comprendre toutes ces paroles non dans le sens que lui et ses disciples leur donnaient. Il ne faut pas se fier à son bon sens, mais il faut croire l’Église qui, en se basant sur les interprétations de quelques versets, affirme le contraire de ce que disaient Christ et ses disciples.

Je me suis arrêté sur ce passage non pour prouver que Christ n’est pas Dieu ; prouver cela est inutile : pour celui qui croit en Dieu, Christ ne peut être Dieu. Dans l’exposition du dogme de la trinité et tout l’embrouillement inévitable qui s’en suit, cela est trop évident. Je me suis arrêté sur ce passage, parce qu’il est la source des insanités précédentes. Je comprends qu’après la mort du Christ, ses disciples, profondément pénétrés de sa doctrine, en parlant de lui, de cet homme qui enseignait que tous sont fils de Dieu et doivent se confondre dans la vie avec Dieu, et qui dans sa propre vie, jusqu’à sa mort, lui-même se soumit à la volonté de Dieu et se confondit avec lui, je comprends que les disciples l’aient appelé divin, fils de Dieu, bien-aimé, à cause de l’élévation de sa doc-