Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/246

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Tout cela est confirmé par la Sainte Écriture, par les Pères de l’Église, et par les décrets des conciles. À la fin, on fait appel au bon sens :

La saine raison elle-même, fondée sur les principes de la théologie, ne peut s’empêcher de reconnaître que l’hérésie de Nestorius, qui divisait Jésus-Christ en deux personnes, renverse complètement le mystère de l’incarnation et de la Rédemption. Si la divinité et l’humanité en Christ n’étaient pas réunies en une seule hypostase, mais formaient deux personnes séparées ; si le Fils de Dieu n’était uni avec le Christ homme que moralement et non physiquement, et habitait en Lui comme dans Moïse et les autres prophètes, l’Incarnation n’a point eu lieu, et l’on n’en saurait dire : « Le Verbe fut chair, » ni, « Dieu a envoyé son Fils formé d’une femme. » Car alors le Fils de Dieu n’a point été formé d’une femme. Il n’a point pris la chair humaine ; mais ce n’est qu’extérieurement qu’il s’est rapproché de l’homme Christ, né d’une femme. D’un autre côté si ce n’est pas le Fils de Dieu qui pour nous a souffert et est mort sur la croix, en sa chair, prise par Lui dans l’unité de son hypostase, mais simplement l’homme Christ, n’ayant rien de plus qu’une union morale avec le Fils de Dieu, notre rédemption n’a pas même pu s’accomplir, — parce qu’un homme borné, quelle que soit d’ailleurs sa sainteté, est incapable de donner une satisfaction suffisante à la justice infinie de Dieu pour les péchés de tout le genre humain. Or, en sapant ainsi le mystère de l’Incarnation et le mystère de la Rédemption, l’hérésie de Nestorius sapait par là même tout l’édifice de la foi chrétienne (p. 96).

Ainsi, c’est précisément sur ce que l’on ne peut ni comprendre, ni même exprimer, ce qu’on ne peut formuler qu’en l’apprenant par cœur et répétant les mots, qu’est basé tout l’édifice de la foi