Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/260

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mais encore roi de Salem, roi de justice et de paix, et figurait par cette association extraordinaire de deux hautes fonctions, Jésus-Christ, l’extraordinaire souverain pontife-roi (Hebr., vii, 2) : parce que Melchissédec (la sainte Écriture ne citant ni sa généalogie, ni son origine, ni la fin de sa vie, ni son prédécesseur, ni son successeur) présentait l’image de Jésus-Christ Fils de Dieu, qui reste pontife à perpétuité (Ibid., vii 3) ; enfin, parce que, ayant reçu la dîme d’Abraham lui-même et l’ayant béni, Melchissédec comme prêtre, bénit également dans la personne d’Abraham, tout ce qui se trouvait dans son sein, tous les enfants de Lévi, prêtre de l’Ancien Testament et reçut la dîme d’eux tous. Or, comme celui qui reçoit la bénédiction est certainement inférieur à celui qui la donne, il figurait aussi l’image du sacerdoce de Jésus-Christ, sacerdoce plus parfait que celui des lévites, que celui de l’Ancien Testament (4-10) (p. 152, 153).

Comprenez-vous ? Ce qu’il y a de remarquable dans cette partie de la théologie, c’est le peu de souci qu’a l’auteur de savoir si les mots qu’il emploie ont un sens quelconque. Il paraît même avoir le désir d’assembler des mots dépourvus de sens.

Si l’on peut attribuer un sens quelconque à ce chapitre, alors c’est celui-ci : Le Christ s’est immolé à Dieu pour les hommes, et l’auteur du Message qui exprime la pensée que Christ est le rédempteur de nos péchés, a choisi la comparaison peu claire de Melchissédec et de l’Église, en acceptant toutes les Épîtres de Paul et celles qui lui sont attribuées, se raccrochant au mot « sacerdoce » qui n’explique rien et ne fait qu’embrouiller les choses.