Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/274

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volonté, mais la volonté de celui qui l’a envoyé » (Jean, vi, 38 ; p. 170, 171).

Je cite cela, comme exemple de cette forme sacrilège de la parole qui est adoptée par l’auteur quand le sujet est sacrilège. Quelle est cette dette et quel est ce paiement ? Quel est ce tribunal et que signifie cette expression : « c’est pour cela qu’il vint sur la terre » ?

Ainsi : 1o Christ a souffert par obéissance à son père ; 2o Il était sans péché ; 3o Il a subi volontairement les souffrances ; 4o Le paiement effectué par Christ excède la dette, et il reste de la petite monnaie. On analyse même à qui revint le paiement. Je n’invente pas.

À qui fut offerte pour nous cette rançon ? Suivant quelques-uns, ce fut au prince de ce monde, à Satan, chez qui nous sommes tous en esclavage ; mais saint Grégoire et saint Jean Damascène ont clairement révélé l’incohérence de cette opinion. Voici comment le premier raisonne : « À qui et pourquoi fut versé ce sang pour nous, — ce sang auguste et glorieux du Dieu pontife et victime ? Nous étions au pouvoir du démon, vendus au péché, et ayant acheté la corruption par l’intempérance. Mais si le prix du rachat n’est donné par le captif qu’à celui qui le tient en son pouvoir, je demande à qui et pour quelle raison un si grand prix fut-il offert ? Si c’est au malin esprit, comme cela est outrageant ! Le brigand reçoit la rançon ; non seulement, il la reçoit de Dieu, mais encore c’est Dieu même qu’il reçoit ; il reçoit pour son brigandage un prix si démesuré qu’il serait juste de nous épargner pour cela ! Et si c’est au Père, nous demandons d’abord : comment cela ? Ce n’est pas chez lui que nous étions captifs ; et