Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/290

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D’après ce qui précède, on entend par le mot Église l’ensemble de tous ceux qui vivent et croient en Christ. Ce sens est compréhensible, en général. Mais l’Église, dans ce sens, ne répond pas à cette activité de l’Église : la sanctification des hommes, et encore moins à celle-ci : l’établissement des dogmes, dont il a été question dans tous les chapitres précédents. Une telle Église ne peut être l’instrument de la sanctification, car si l’on comprend par l’Église tous les croyants en Christ, alors tous les croyants sanctifient tous les croyants. Pour que l’Église puisse sanctifier les croyants, nécessairement elle doit être une institution particulière parmi tous les croyants. Une telle Église peut encore moins établir des dogmes quelconques, car si tous les chrétiens croyaient également, il n’y aurait ni dogme, ni doctrine de l’Église, pour réfuter les doctrines hérétiques. Le fait qu’il y a des croyants en l’Église, hérétiques, qui répudient certains dogmes et acceptent d’autres, vrais selon leur opinion, ce fait montre que l’Église doit être nécessairement comprise non comme « tous les croyants en l’Église », mais comme une certaine institution qui non seulement n’embrasse pas tous les chrétiens mais qui est encore une institution particulière parmi les chrétiens non hérétiques.

S’il existe des dogmes exprimés par des paroles définies, immuables, ces paroles devraient être exprimées et fixées par la réunion des personnes