Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/341

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même homme feignant de dénouer des cheveux imaginaires emmêlés dans un nœud.

En outre, ce dogme de la grâce, qui a pour but de fermer les yeux des croyants à ce fait que les promesses de la rédemption ne sont pas réalisées, et de permettre au clergé d’acquérir beaucoup de revenus, porte ce terrible sceau d’immoralité qui a dépravé les générations professant cette doctrine.

Les tromperies telles que celles-ci : « L’homme peut se guérir de la maladie par la grâce de l’onction, s’il croit en cela » ; ou : « il sera immortel s’il possède la grâce » ; ou le silence que l’on garde sur ce fait que la terre continue à être inféconde, toutes ces tromperies étaient relativement bénignes. Mais prétendre que l’homme est toujours mauvais et sans force, que ses aspirations vers le bien sont inutiles s’il n’acquiert pas la grâce, c’est couper à la racine tout ce qu’il y a de meilleur dans la nature humaine.

L’immoralité de ce dogme frappa fatalement les hommes les meilleurs qui vécurent dans cette religion, et contre cette partie de la doctrine — le rapport de la liberté de l’homme envers la grâce — dans l’Église même, les plus honnêtes se révoltèrent. Aussi cette question s’est-elle compliquée de discussions infinies qui séparent jusqu’aujourd’hui les diverses confessions.

Dans le paragraphe 184 sont exposées les discussions sur la grâce.