Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/407

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’huile bénite et ses effets invisibles et salutaires. Le côté visible, c’est l’onction de l’huile faite en prononçant certaines paroles. Tant qu’au côté invisible, imaginez quoi ? « La guérison des infirmités du corps. »

C’est aux infirmes, aux malades corporellement, que le sacrement de l’Onction d’huile bénite fut proprement destiné ; aussi la guérison des maladies corporelles est-elle le premier fruit de la grâce de ce sacrement (p. 561).

Ce paragraphe est intitulé : « Côté visible, etc. », et l’on y parle de la guérison invisible. Mais la théologie ne se gêne pas, et bien qu’on sache que l’Onction n’apporte jamais la guérison, elle dit néanmoins que la guérison arrive et qu’elle est invisible.

Tel n’est pas toujours l’effet de cette onction, direz-vous. Cela est vrai. Cependant cet effet se produit quelquefois ; le malade revient peu à peu à la santé et finit par se rétablir complètement. Plus souvent il reçoit du moins un soulagement temporaire de son mal, il se sent fortifié, encouragé à le supporter, et tel est aussi le but du sacrement de l’Onction de l’huile, car le verbe ἐγείρω signifie non seulement je mets sur pied, je rends la vie, mais encore j’encourage, je ranime, je fortifie. Quelquefois même en recevant ce sacrement on n’obtient pas la guérison : c’est peut-être par la même raison qu’en recevant le sacrement de l’Eucharistie, au lieu de fruits salutaires, on « mange et boit sa propre condamnation » (i Cor., xi, 29) ; c’est-à-dire, c’est à cause de son indignité, de la faiblesse de sa foi en Jésus-Christ ou de la dureté de son cœur. Enfin, désirer ou exiger que, toutes les fois que