Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/59

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« 1o Du consentement unanime de tous les hommes, Dieu est un être tel qu’il ne peut y en avoir de plus élevé et de plus parfait. Or, il ne peut y avoir qu’un seul être de cette nature. En effet, s’il y en avait d’autres qui lui fussent égaux, alors il cesserait d’être le plus élevé et le plus parfait de tous, c’est-à-dire qu’il cesserait d’être Dieu… » (p. 107).

« 2o Dieu, comme Être souverainement parfait, est en même temps un Être immense et remplissant tout lui-même. Or, s’il existait plusieurs dieux, comment se maintiendrait leur immensité ? Là, où l’un d’eux existerait, là certes, il ne pourrait en exister un second, ni un troisième, ni aucun autre. »

Le sophisme basé sur l’attribut divin de l’espace ne saurait être, parce qu’il est dit que Dieu est un être infini. C’est pourquoi ce sophisme ne prouve rien, et ne fait que mettre en doute la valeur et l’exactitude de la pensée des Saints Pères et notamment de Jean Damascène.

La première preuve : que la créature la plus parfaite et la plus haute ne peut être qu’une, est le seul raisonnement juste relatif à la propriété de ce que nous appelons Dieu, mais ce n’est nullement la preuve de l’unité divine ; ce n’est que l’expression de cette conception fondamentale de Dieu qui, par son essence même, exclut toute possibilité de l’union de cette conception avec celle du nombre. Car si Dieu est ce qu’il y a de plus haut et de plus parfait, toutes les preuves antérieures, tirées de l’Ancien Testament, et les autres sur l’unité de Dieu, ne font que détruire cette conception. Mais