Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/67

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seulement ce qui s’y rapporte (τὰ περὶ τὴν οὐσίαν) de même que, pour savoir que l’âme est immatérielle, indivisible et invisible, nous n’en saisissons pas mieux l’essence. Ainsi, bien que nous sachions que tel corps est blanc ou noir, nous n’en pénétrons pas pour cela la substance ; nous apprenons seulement ce qui s’y rapporte ; mais la parole de vérité nous enseigne que la Divinité est simple n’ayant qu’une seule action (ἐνέργειαν) simple, salutaire, qui agit en tout et sur tout » (Exp. ex. de la Foi orthodoxe., liv. i, chap. xvi, p. 34.) (p. 119, note).

Quelque pénible et difficile qu’il soit d’analyser de pareilles expressions, où chaque mot est erreur ou mensonge, chaque union du sujet au verbe, tautologie ou contradiction, chaque rapport d’une proposition à l’autre, erreur inconsciente ou consciente, il est cependant nécessaire de le faire. On dit : « Le mot Esprit désigne la substance ». L’esprit ne signifie que le contraire de la substance. « Esprit », c’est avant tout le mot qu’on oppose à toute substance, à tout ce qu’on voit, entend, sent, connaît par les sens. La substance, la nature, l’essence, ce n’est que la qualification des objets reconnus par les sens. Par leur nature, leur essence, leur substance, se distinguent les pierres, les arbres, les animaux, les hommes ; tandis que l’esprit c’est quelque chose qui n’a pas la substance de la nature. Que peuvent donc signifier les paroles : « L’esprit désigne la substance ? »

Et plus loin : « Nous ne connaissons que deux espèces de substances : les substances matérielles,