Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/90

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Dieu, ne peut manquer de sentir combien est sacrilège cette division. Et ici, on nous dit, avec les paroles des Pères de l’Église, ce que sent tout croyant, à savoir que Dieu est incompréhensible pour notre raison, et que tous les signes, paroles, épithètes, que nous appliquons à Dieu n’ont aucune signification claire, nette, que tous se confondent en un ; que la conception de Dieu, comme le commencement de tout, inaccessible à la raison, est simple, indivisible, et que diviser Dieu, par son essence ou par ses attributs, c’est détruire la conception de Dieu.

« L’essence de Dieu et ses attributs essentiels ne sont pas réellement distincts les uns des autres et n’ont point une existence à part. Au contraire, ils ne font qu’un tout en Dieu. »

« Dieu est simple et incomplexe », dit saint Jean Damascène ; au lieu que ce qui est composé de plusieurs éléments distincts est complexe. Si donc nous prenons pour des différences essentielles en Dieu (οὐσιωδεις διαφορὰς ἐπὶ θεοῦ) l’aséité, l’éternité, l’immatérialité, l’immortalité, la bonté, la puissance créatrice, etc., dans ce cas, la Divinité, se trouvant composée de tant d’attributs divers, ne sera plus simple, elle sera complexe ; or soutenir une pareille chose, c’est le comble de l’impiété » (p. 179, 180).

L’auteur cite encore d’autres passages des Saints Pères qui confirment la même pensée. De sorte qu’on se demande à quoi servent les anciennes définitions et subdivisions. Mais ces preuves claires, indiscutables, qui se reflètent dans le cœur de