Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol21.djvu/273

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de même Dieu ne se soucie pas de chaque homme en particulier. Le semeur se soucie de la récolte, sachant que malgré la perte de plusieurs grains la récolte viendra quand même ; et il sème partout ; de même Dieu sème partout, sachant que malgré la perte de plusieurs semences il sera la récolte.

Et Dieu ne s’occupe pas davantage des actes de ce monde, comme cela est exprimé dans la parabole (Marc, iv, 26-29).

Si l’on entend Dieu comme Jésus le définit, l’accusation dressée contre Dieu d’avoir créé le mal et la mort, et par suite d’aimer le mal et la mort, tombe d’elle-même. Cette accusation devient une question personnelle appliquée inexactement à un cas général.

L’homme accusant Dieu d’avoir permis la mort, cela est aussi absurde que le seraient les plaintes d’un des millions de grains de bouleaux, voyant que les autres germent, tandis que lui, tombé dans la rivière, périt.

Celui qui créa des millions de grains ne les fit point pour qu’ils périssent, mais au contraire, il en a fait des millions pour qu’ils ne périssent point. C’est pourquoi son but, c’est la vie et non la mort.

Du point de vue général, du point de vue de Dieu, du commencement de tout, c’est raisonnable.

Mais si l’on demande pourquoi l’on porte en soi la mort, la réponse à cette question est intérieure : Cette réponse est donnée dans la parabole et dans