Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol21.djvu/348

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À ce premier exemple le rédacteur rattache deux autres sentences qui lui semblaient appartenir au même ordre d’idées : 1o L’esprit de conciliation doit se trouver en opposition avec la colère. C’est une très belle pensée, que le rétablissement de l’accord fraternel entre des hommes mal disposés l’un contre l’autre doit primer même ce qu’on appelle le devoir religieux, et que Dieu agréera mieux les offrandes qui sont présentées avec de pareils gages de sincérité. Mais cette sentence n’est pas à sa place dans ce contexte, elle n’a rien à faire avec l’explication évangélique du sixième commandement. L’analogie est tout juste assez grande pour nous faire comprendre le procédé du rédacteur ; 2o Mais cette analogie n’existe plus du tout et la combinaison devient incompréhensible à l’égard de la seconde sentence que Luc nous a conservée aussi dans un tout autre contexte. En effet, l’adversaire dont il y est question ne peut être qu’un créancier qui emmène son débiteur devant le juge pour le faire condamner à la prison. Le débiteur doit se hâter de s’arranger à l’amiable avec le créancier avant que l’arrêt ne soit prononcé. On dit que par cet exemple de prudence Jésus a voulu faire comprendre l’importance de la réconciliation. Il est possible que l’évangéliste l’ait compris ainsi ; mais outre que l’application est abandonnée à la sagacité des lecteurs, toute cette parabole nous mène bien loin du sujet essentiel du discours.


Ἰσθι εὑνοῶν τῷ ἀντιδίϰῳ σου ταχύ, ἔως ὅτου εἶ ἐν τῇ ὁδῷ μετ’ αὐτοῦ μήποτε σε παραδῷ ὁ· ἀντίδιϰος τῷ ϰριτῇ, ϰαὶ ὁ ϰριτής σε παραδῷ τῷ ὑπηρέτη, ϰαὶ εἰς {{|φολαϰήν|φυλαϰήν}} βληθήσῃ.

Ἀμὴν λέγω σοι, οὐ μὴ ἐξέλθῃς ἐϰεῖθεν, ἔως ἄν ἀποδῷς τὸν ἔσχατον ϰοδράντην.


Matthieu, v, 25. (Luc, xii, 58). Accorde-toi au plus tôt avec la partie adverse, pen- Sois accommodant avec ton adversaire tant qu’il est encore avec toi en chemin 1)