Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol21.djvu/441

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autre. À celui qui veut te prendre l’habit, donne aussi la chemise. À celui qui te frappe à te faire sauter une dent, tend l’autre joue. On veut t’obliger à faire un travail quelconque, fais-en le double. On prend ta propriété, donne-la. On ne te rend pas ton argent, ne le réclame pas. C’est pourquoi ne jugez pas, ne punissez pas et on ne vous jugera pas, on ne vous punira pas. Pardonnez à tous et l’on vous pardonnera, parce que si vous jugez les hommes ils vous jugeront. En outre, vous ne pouvez pas juger parce que nous tous sommes aveugles et ne voyons pas la vérité. Comment moi, dont les yeux sont pleins de poussière, remarquerais-je un grain de poussière dans l’œil de mon frère ? Auparavant il me faut me nettoyer les yeux. Et qui de nous a les yeux propres ? Si nous jugeons, déjà nous-mêmes sommes aveugles. Si nous jugeons et punissons les autres, nous sommes semblables à l’aveugle conduisant un aveugle. »

Et outre cela, Jésus dit encore : « Comment enseignons-nous ? Nous punissons par la violence, la torture, le meurtre, c’est-à-dire par la colère, que nous interdit le commandement : Tu ne tueras point. Et qu’en résulte-t-il ? Nous voulons enseigner les hommes et nous les dépravons. Que peut-il advenir de ce qu’un disciple apprenne et demeure semblable à son maître, que fera-t-il quand il aura appris ? Ce que fait le maître : il commettra la violence et le meurtre.