Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/123

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monter avec lui un piéton ; il y a la place et la possibilité ; mais plus l’équipage est riche, plus il devient difficile de faire monter avec soi n’importe qui ; on appelle même égoïste l’équipage le plus élégant.

Il en va de même avec toute la façon de vivre qui s’exprime par le mot : propreté.

La propreté ! Qui ne connaît pas d’hommes et surtout de femmes qui posent la propreté comme une vertu, et qui ne connaît pas les manies de cette propreté, qui n’a aucune limite quand elle s’acquiert par le travail des autres ! Qui, parmi les gens enrichis, n’a pas éprouvé par soi-même avec quels efforts s’apprend cette propreté qui confirme le proverbe : « Mains blanches aiment le travail des autres ».

Aujourd’hui la propreté consiste à changer de linge chaque jour, demain ce sera deux fois par jour. Aujourd’hui il faut se laver chaque jour le cou et les mains, demain il faudra se laver les pieds ; après-demain, laver tout le corps, chaque jour et encore avec des essences particulières. Aujourd’hui, il faut une serviette pour deux jours, ensuite il en faudra une chaque jour, puis deux par jour. Aujourd’hui il faut que les valets aient les mains propres, demain il leur faudra des gants, et, en gants propres, ils devront remettre les lettres sur un plateau propre. Cette propreté qui n’est utile à personne, qui n’est pas nécessaire,