Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/109

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XIV

Des centaines de cadavres humains, frais, ensanglantés, qui deux heures avant étaient pleins d’espoirs et de désirs divers, grands et petits, les membres raidis, gisaient dans la vallée fleurissante couverte de rosée qui séparait le bastion de la tranchée, et sur le sol uni de la chapelle mortuaire de Sébastopol. Des centaines d’hommes, avec des vociférations ou des prières sur leurs lèvres sèches, rampaient et gémissaient, les uns parmi les cadavres de la vallée fleurissante, les autres sur les brancards, sur les lits de camp et sur le sol ensanglanté de l’ambulance ! Et de même qu’aux jours précédents, l’éclair de chaleur s’enflammait sur la montagne Sapoune, les étoiles scintillaient, le brouillard blanc venant de la mer houleuse, sombre, se dispersait, l’aurore rouge s’empourprait à l’orient, les nuages allongés et roses se dispersaient à l’horizon d’azur clair, et