Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/132

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conscience de la supériorité arrivée jusqu’au désir de la cacher.

Il y avait encore un jeune docteur aux lèvres épaisses, et un artilleur à la physionomie allemande, et tous deux étaient assis presque sur les jambes du jeune officier qui dormait sur le divan. Ils comptaient de l’argent. Quatre brosseurs, les uns somnolents, les autres tirant des valises et des sacs, étaient près de la porte.

Parmi toutes ces personnes, Kozeltzov ne trouva pas une seule connaissance. Mais avec curiosité il se mit à écouter leurs conversations. Les jeunes officiers, qui selon lui, rien qu’à les voir, venaient de terminer leurs études, lui plaisaient et principalement lui rappelaient que son frère, lui aussi du Corps des Cadets, devait arriver d’un jour à l’autre dans un des bataillons de Sébastopol. Quant à l’officier à la sacoche dont il avait vu le visage quelque part, tout en lui, lui semblait répugnant et vulgaire. Avec l’idée « de l’arrêter net s’il osait dire quelque chose » il alla de la fenêtre vers le banc et s’y assit. En général, en honnête et bon officier de front il n’aimait pas les officiers d’état-major, pour lesquels, au premier abord, il reconnut ces deux officiers.