Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/155

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qué de l’épaule, il répondit au salut des officiers.

— Je boirai aussi un petit verre, — dit-il en s’installant près de la table. — Eh bien ! jeune homme, vous venez de Pétersbourg ? s’adressa-t-il aimablement à Volodia.

— Oui, et je vais à Sébastopol.

— Vous l’avez demandé vous-même ?

— Oui.

— Et quel désir, messieurs ? Je ne comprends pas, — continuait le commissionnaire. — Il me semble que maintenant je serais prêt à partir à pied à Pétersbourg, si on me laissait. Je vous jure que je suis las de cette vie maudite.

— De quoi vous plaignez-vous ici ? — dit l’aîné des Kozeltzov, en s’adressant à lui. — Votre vie est très enviable !

Le commissionnaire le regarda et se détourna.

— Le danger, les privations, on ne peut rien trouver ici, — continua-t-il en s’adressant à Volodia. — Et quel désir avez-vous, messieurs ? Je ne comprends vraiment pas. S’il y avait au moins des avantages, mais comme ça, il n’y en a pas. Eh bien ! Et si à votre âge vous restez infirme pour toute votre vie, vous serez content ?

— Il y en a qui cherchent l’argent, d’autres servent pour l’honneur ! — intervint de nouveau, avec dépit, l’aîné des Kozeltzov.

— Quel honneur quand on a rien à manger ! — fit en riant, avec mépris, le commissionnaire, en