Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/157

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IX

On ne peut dire que Volodia était de mauvaise humeur, mais il sentait sur son cœur un poids quelconque, quand presque à la nuit, il s’approcha du grand pont jeté sur la baie. Tout ce qu’il avait vu et entendu était si peu conforme à ses impressions passées et récentes : la grande salle claire d’examens, les voix gaies, jeunes, le rire des camarades, le nouvel uniforme, le tzar aimé qu’il était habitué de voir souvent depuis sept ans, et qui, en leur disant adieu, les larmes aux yeux, les avait appelés ses enfants… Et tout ce qu’il voyait était si peu semblable à ses rêves beaux, couleur d’arc-en-ciel, magnanimes.

— Eh bien ! Voilà, nous sommes arrivés ! — dit le frère aîné en descendant de voiture, quand ils furent rendus à la batterie Mikhaïlovskaia. Si on nous laisse traverser le pont, nous irons tout de suite aux casernes de Nicolas. Tu resteras là-bas