Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/228

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cier blessé, dit quelque chose à un prêtre à grande barbe rousse, qui se trouvait là avec la croix, et lui montra Kozeltzov.

— Vais-je mourir ? demanda Kozeltzov au prêtre quand celui-ci s’approcha de lui.

Le prêtre, sans répondre, lut la prière et tendit la croix au blessé.

La mort n’effraya pas Kozeltzov. De ses mains faibles, il prit la croix, la serra contre ses lèvres et se mit à pleurer.

— Les Français sont-ils repoussés ? — demandat-il fermement au prêtre.

— La victoire nous est restée partout, — répondit le prêtre pour consoler le blessé et en lui masquant le mamelon de Malakoff où flottait le drapeau français.

— Que Dieu soit loué ! — prononça le blessé, ne sentant pas les larmes couler sur ses joues. La pensée de son frère traversa pour un moment son esprit : « Que Dieu lui envoie le même bonheur ! » pensa-t-il.