Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/246

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que je remarquai en lui, me fit l’effet d’un homme pas sot du tout, mais très ambitieux, et ainsi, digne de pitié.

Le capitaine en second Sch… proposa une autre partie de quilles à la condition que les perdants, outre le transport du vainqueur, paieraient encore quelques bouteilles de vin rouge, du rhum, du sucre, de la cannelle, des clous de girofle pour confectionner un brûlot, fort en honneur, par cet hiver froid, dans notre détachement. Gouskantini, comme de nouveau l’appelait Sch…, fut aussi invité à la partie. Mais avant de commencer le jeu, en luttant visiblement entre le plaisir de cette invitation et quelque peur, il prit à part le capitaine en second Sch… et lui chuchota quelque chose. Le bon capitaine lui tapota sa large paume gonflée sur le ventre et répondit à haute voix : « Ce n’est rien, petit père, je vous croirai. »

Quand la partie fut terminée, il se trouva que le moins gradé, l’inconnu, avait gagné, et il devait monter à califourchon sur un de nos officiers, l’enseigne D… Celui-ci rougit, se dirigea vers le banc et en échange proposa des cigarettes au soldat. Pendant que nous commandions le brulôt, et que dans la tente des brosseurs s’entendait le remue-ménage de Nikita qui envoyait un soldat chercher de la cannelle et des clous de girofle, et que son dos gonflait par-ci par-là la toile malpropre de la tente, nous tous, sept hommes, étions assis près