Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/258

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prétexte d’occupations, et en réalité parce que sachant qu’il restait à Paul Dmitrievitch peu d’argent et d’objets, il ne croyait pas sage de risquer ses trois cents roubles, contre cent et peut-être moins qu’il pouvait gagner.

— Eh quoi, Paul Dmitrievitch ! — dit le lieutenant, qui visiblement désirait éviter une nouvelle demande, — est-il vrai que demain nous nous mettons en route ?

— Je ne sais pas, — fit Paul Dmitrievitch, — seulement il y a l’ordre de se préparer. Et vraiment nous ferions mieux de jouer. Je mettrai en jeu mon cheval Kabarda.

— Non, aujourd’hui, déjà…

— Le gris. Ça va ? et si vous voulez, argent comptant ! Eh bien ! Ça va ?

— Mais quoi… Moi, avec plaisir, ne pensez pas… prononça le lieutenant O…, — répondant à son propre doute. — Mais peut-être demain sera-ce l’incursion ou le mouvement, il faut se bien reposer.

L’aide de camp se leva, et mettant les mains dans ses poches, se mit à marcher dans notre petit cercle. Son visage reprit son expression habituelle de froideur et d’un certain orgueil que j’aimais en lui.

— Ne voulez-vous pas un verre de vin chaud ? — lui dis-je.

— Volontiers. Il se dirigea vers moi. Mais Gouskov, empressé, prit le verre de mes mains et le