Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rête ! — cria t-il au cocher en courant vers la voiture, dans la neige jusqu’aux genoux.

— Que vous faut-il ? — demanda le cocher.

— Monter dans la voiture, — répondit le comte en ouvrant la portière et s’efforçant de monter dans la voiture en marche. — Attends donc, diable, imbécile !

— Vaska ! Arrête ! — cria le cocher au postillon ! — Arrête les chevaux ! Pourquoi montez-vous dans la voiture d’un autre ! C’est la voiture de madame Anna Fédorovna et non pas celle de Votre Grâce.

— Tais-toi donc, imbécile ! Tiens, voilà un rouble pour toi, mais descends et ferme la portière, — dit le comte. — Mais comme le cocher ne bougeait pas, lui-même abaissa le marche-pied et ouvrant la vitre, ferma la portière.

Dans la voiture, comme dans toutes les anciennes voitures, surtout celles tapissées de passementerie jaune, on sentait une odeur de moisissure et de crin brûlé. Le comte s’était mouillé les jambes jusqu’aux genoux dans la neige, il les sentait glacées dans ses chaussures et ses pantalons légers, et un froid glacial pénétrait tout son corps. Le cocher grommelait sur le siège et paraissait vouloir descendre. Mais le comte n’entendait et ne sentait rien. Son visage brûlait, son cœur battait fortement. Il saisit avec force la courroie jaune, passa la tête à travers la portière et toute sa vie se con-