Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/338

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— Ah ! une vraie jeune fille ! À qui cela n’arrive-t-il pas ? Ce malheur peut encore se réparer. Attends-moi ici.

Le comte sortit de la chambre.

— Quelle chambre occupe le propriétaire Loukhnov ? — demanda-t-il au garçon de l’hôtel.

Le garçon offrit d’accompagner le comte. Le comte, malgré l’observation du garçon que « monsieur vient de rentrer et se déshabille, » pénétra dans la chambre. Loukhnov, en robe de chambre, était assis à sa table et comptait des liasses de billets de banque qui étaient devant lui. Sur la table, il y avait une bouteille de vin du Rhin, qu’il aimait beaucoup. Après le gain, il se permettait ce plaisir. Loukhnov, comme s’il ne reconnaissait pas le comte, le regardait froidement, sévèrement à travers ses lunettes.

— Il me semble que vous ne me reconnaissez pas, — dit le comte en s’approchant de la table, d’un pas décidé.

Loukhnov reconnut le comte, et demanda :

— Que désirez-vous ?

— Jouer avec vous, — dit Tourbine, en s’asseyant sur le divan.

— Maintenant ?

— Oui.

— Une autre fois avec plaisir, comte, mais maintenant je suis fatigué et me dispose à aller dormir. Ne voulez-vous pas du vin ? Du bon vin ?