Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/343

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de sa débauche. Les tziganes discutaient entre eux dans leur langue sur l’obligation de faire encore plaisir aux seigneurs, à quoi Stiochka résistait en disant que le baroraï (en langage des tziganes, le comte ou le prince, ou plutôt un grand seigneur), se fâcherait. En général, chez tous s’éteignait la dernière étincelle de l’orgie.

— Eh bien ! Pour l’adieu encore une chanson et puis séparons-nous, — dit le comte, frais, gai, plus joli que jamais, en entrant dans la salle en costume de voyage.

De nouveau les tziganes se groupaient en cercle et se préparaient à chanter, quand Iline entra dans la salle avec une liasse de billets de banque à la main et prit à part le comte.

— Je n’avais que quinze mille du trésor et tu m’as donné seize mille trois cents — dit-il — alors, le surplus est à toi.

— Bonne affaire ! Donne !

Iline remit l’argent en regardant timidement le comte. Il ouvrit la bouche pour parler mais rougit seulement, même des larmes parurent dans ses yeux, ensuite il saisit la main du comte et la serra chaleureusement.

— Va-t’en !… Iluchka !… écoute-moi, prends, voilà de l’argent pour toi, mais il faut me conduire avec des chansons jusqu’aux remparts.

Il lui jeta sur sa guitare les 1,300 roubles qu’apportait Iline, mais il oublia de rendre au cavalier