Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/387

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déshabillée et avoir bu comme d’habitude un demi-verre de kvass[1] préparé sur la table de nuit, elle se coucha. Son chat favori se glissa doucement dans la chambre. Anna Fédorovna l’appela et se mit à le caresser en écoutant son ronron. Elle ne pouvait s’endormir.

« C’est le chat qui me dérange, » pensa-t-elle. Elle le chassa. Le chat tomba doucement sur le parquet, tourna lentement sa queue épaisse et sauta sur un banc. À ce moment, la bonne, qui dormait dans la chambre, sur le parquet, apporta son petit matelas pour se coucher, éteignit la chandelle et alluma la veilleuse. Enfin la bonne ronflait aussi et le sommeil ne gagnait pas encore Anna Fédorovna et ne calmait pas son imagination excitée. Quand elle fermait les yeux, elle voyait le visage du hussard, elle croyait le voir dans la chambre sous divers aspects étranges quand, les yeux ouverts à la lumière faible de la veilleuse, elle regardait la commode, la petite table et la robe blanche qui était suspendue. Il lui semblait : tantôt que son lit de plume était brûlant, tantôt que la pendule de la petite table faisait un bruit insupportable, tantôt que la bonne ronflait d’une façon agaçante. Elle l’éveilla et lui intima de ne plus ronfler. De nouveau des pensées sur sa fille, sur le vieux et le jeune comte, sur la préférence, se mêlaient

  1. Boisson fermentée, sorte de cidre.