Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/52

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ment et continuent à parler entre eux comme si je n’existais pas, où tout simplement s’ils s’éloignent de moi et si je reste seul parmi les aristocrates ». Le mot aristocrate (au sens du groupe supérieur, de l’élite dans n’importe quelle classe), depuis quelque temps, a reçu chez nous, en Russie, où, semble-t-il, il ne devrait pas exister, une grande popularité, et a pénétré dans toutes les provinces et dans toutes les classes de la société où s’est développée la vanité (et où ce misérable sentiment ne se niche-t-il pas) : parmi les marchands, les fonctionnaires, les fourriers, les officiers, à Saratov, à Mamadikhï, à Vinnitza, partout où il y a des hommes. Et comme dans la ville assiégée, Sébastopol, il y avait beaucoup d’hommes, alors il y avait aussi beaucoup de vanité, c’est-à-dire des aristocrates, bien que la mort planât constamment sur la tête de chaque aristocrate ou non aristocrate.

Pour le capitaine Objogov, le capitaine en second Mikhaïlov est un aristocrate ; pour le capitaine en second Mikhaïlov, l’aide de camp Kalouguine est un aristocrate parce qu’il est aide de camp et tutoie un autre aide de camp. Pour l’aide de camp Kalouguine, le comte Nordov est un aristocrate, parce qu’il est aide de camp de l’Empereur.

Vanité, vanité, partout la vanité, même à la porte du tombeau et parmi les hommes prêts à mourir pour une idée élevée. Vanité ! C’est probablement le trait caractéristique et la maladie