Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/55

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pagnie étant indisposé, comme il ne restait dans la compagnie qu’un sous-lieutenant, il avait cru de son devoir de se proposer à la place du lieutenant Nepchissetzkï, et c’est pourquoi il allait aujourd’hui au bastion. Kalouguine ne l’écouta pas jusqu’au bout.

— Et moi je sens qu’un de ces jours il se passera quelque chose — dit-il au prince Galtzine.

— Et peut-être arrivera-t-il quelque chose aujourd’hui même ? — prononça timidement Mikhaïlov en regardant tantôt Kalouguine, tantôt Galtzine.

Personne ne lui répondit. Le prince Galtzine se contenta de froncer les sourcils, jetant un regard par-dessus sa casquette, et après un silence dit :

— Une jolie fille, celle qui a le mouchoir rouge. Vous ne la connaissez pas, capitaine ?

— Elle habite près de chez moi, c’est la fille d’un matelot — répondit le capitaine en second.

— Allons. Examinons-la un peu.

Et le prince Galtzine prit sous le bras, d’un côté Kalouguine et de l’autre le capitaine en second, sûr d’avance qu’il ne pourrait faire un plus grand plaisir à ce dernier, ce qui du reste était vrai.

Le capitaine en second était superstitieux et considérait comme un grand péché de s’occuper des femmes avant d’aller au feu, mais dans ce cas, il fit le viveur, ce à quoi, visiblement, ne croyaient ni le prince Galtzine ni Kalouguine et qui étonna