Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/71

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VI

Des soldats portaient des blessés sur des brancards et en soutenaient d’autres sous les bras. La rue était tout à fait sombre. Seules, rarement, par ci, par là, étaient éclairées les fenêtres de l’hôpital ou celles des officiers qui veillaient tard. Des bastions éclatait le même bruit de canons et de fusils, les mêmes feux s’enflammaient sur le ciel noir. On entendait rarement le galop du cheval d’un ordonnance, le gémissement d’un blessé, les pas et la conversation des brancardiers, les exclamations des femmes affolées et des habitants qui, sur leurs portes, regardaient la canonnade.

Parmi ces derniers étaient notre connaissance Nikita et la vieille femme du matelot, avec qui il s’était déjà réconcilié, et sa fille de dix ans, « Oh ! Seigneur ! Oh ! sainte vierge Marie ! » murmurait en soupirant la vieille, en regardant les bombes qui, comme des balles de feu, sautaient perpétuel-