Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/141

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père était couché sans remuer. Le coq chanta derrière le mur, à l’oreille de Doutlov. Il entendit les ébats des poules ; le jeune coq essayait de chanter après le vieux, et ne le pouvait pas ; quelque chose remuait sur les jambes du vieux. — C’était le chat. Il sauta du poêle, ses pattes molles frappèrent le sol, et il alla miauler près de la porte. Le grand-père se leva, ouvrit la fenêtre. La rue était sombre et sale. Pieds nus, en se signant, il sortit dans la cour des chevaux ; là on sentit que le maître passait : la jument qui était sous l’auvent embarrassait ses pattes dans les brides, renversait sa pitance, et, les pattes levées, tournait attentivement la tête vers son maître. Le poulain était couché sur le fumier. Le grand-père le souleva, arrangea la jument, lui donna à manger et revint à l’izba.

La vieille s’était levée et allumait les copeaux. « Éveille les enfants, j’irai en ville ». Ils allumèrent le cierge de l’icône et tous deux descendirent dans la cave.

Déjà, non seulement chez les Doutlov, mais chez tous les voisins, les feux s’allumaient quand il sortit. Les garçons déjà levés se préparaient. Les femmes entraient et sortaient avec des pots de lait. Ignate attela la charrette. Le deuxième fils graissait l’autre. La jeune femme ne hurlait plus, mais s’arrangeait ; un fichu sur la tête, elle était assise sur un banc, attendant l’heure d’aller en