Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/109

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trouvait très offensant avait été donné à Véra par Nicolas) et ton plus grand plaisir est d’ennuyer les autres. Fais la coquette avec Berg tant que tu voudras — prononça-t-elle vivement.

— Oui, moi, assurément devant les hôtes, je ne courrais pas derrière un jeune homme…

— Eh bien ! tu as atteint ton but, — intervint Nicolas — tu as dit des choses désagréables à tout le monde, tu as tout dérangé. Allons dans la chambre d’enfants. Tous les quatre, comme une bande d’oiseaux effarouchés se levèrent et sortirent de la chambre.

— On m’a dit des choses désagréables, et moi je n’ai rien dit à personne, — conclut Véra.

Madame de Genlis ! Madame de Genlis ! — prononcèrent derrière la porte des voix rieuses.

La belle Véra, qui produisait sur tout le monde un effet aussi fâcheux, souriait et n’était nullement touchée de ce qu’on lui avait dit. Elle s’approcha du miroir, arrangea son écharpe et sa chevelure. En regardant son beau visage elle devint sensiblement encore plus froide et plus calme.

Dans le salon, la conversation continuait.

Ah ! chère ! — prononçait la comtesse — dans ma vie aussi, tout n’est pas rose. Est-ce que je ne sais pas que du train que nous allons notre fortune n’ira pas loin ? Et tout cela, c’est le club et sa bonté. Quand nous vivons à la campagne, est-ce que nous nous reposons ? les théâtres, les chasses