Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


XVI

Du côté des messieurs, les conversations s’animaient de plus en plus. Le colonel racontait que le manifeste de la déclaration de guerre était déjà publié à Pétersbourg, et qu’un exemplaire, qu’il avait vu lui-même, avait été porté aujourd’hui au général en chef par courrier spécial.

— Et que diable avons-nous besoin de la guerre avec Bonaparte ! — dit Chinchine. — Il a déjà rabattu le caquet à l’Autriche. Je crains que cette fois ce ne soit notre tour.

Le colonel qui était allemand, robuste, haut et sanguin, évidemment bon patriote et bon soldat, se trouva offensé des paroles de Chinchine.

— Parce que, monsieur, — fit-il avec un fort accent allemand, — parce que l’empereur sait cela. Il a dit dans le manifeste qu’il ne peut pas regarder avec indifférence le danger qui menace la Russie et que la sécurité de l’empire, sa dignité, la sain-