Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/218

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cesse en embrassant la Française. — Elle ne nous attend pas !

Ils s’approchèrent de la porte du divan, derrière laquelle on entendait le passage répété et répété. Le prince André s’arrêta, fit la grimace comme s’il attendait quelque chose de désagréable.

La princesse entra. Le passage s’arrêta au milieu ; on entendit un cri, les pas lourds de la princesse Marie, le bruit des baisers. Quand le prince André entra, les deux belles-sœurs qui ne s’étaient vues que peu de temps au mariage du prince André s’embrassaient, se tenaient fortement enlacées juste dans la pose du premier moment. Mademoiselle Bourienne était près d’elles ; les mains appuyées sur son cœur, elle souriait tristement, prête à pleurer ou à rire. Le prince André haussa les épaules et fit la moue comme font les amateurs de musique en entendant une note fausse. Les deux femmes se séparèrent, et de nouveau, comme si elles craignaient de se perdre, elles se saisirent les mains et recommencèrent à s’embrasser, et, chose tout à fait inattendue pour le prince André, toutes deux se mirent à pleurer et à s’enlacer de nouveau. Mademoiselle Bourienne pleurait aussi.

Le prince André se sentit gêné, mais aux deux femmes il semblait si naturel de pleurer, qu’elles ne supposaient même pas que cette rencontre pût se passer autrement.