Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/282

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danser, il glissait tantôt sur l’une tantôt sur l’autre jambe.

Le général, membre du Conseil supérieur de la Guerre, le toisa sévèrement, mais en remarquant le sérieux du sourire bête, il ne put refuser un moment d’attention. Il cligna des yeux en signe qu’il écoutait.

— J’ai l’honneur de vous féliciter. Le général Mack est arrivé, il va bien ; mais ici, il est blessé, ajouta-t-il avec un sourire et en montrant sa tête.

Le général fronça les sourcils, se tourna et continua son chemin.

Gott wie naiv ![1] — dit-il avec colère, après quelques pas. Nesvitzkï, en riant, enlaça le prince André, mais Bolkonskï devenant encore plus pâle, avec une expression de colère dans le visage, le repoussa et s’adressa à Jerkov. L’agacement que lui causait la vue de Mack, les nouvelles de la situation, et la pensée de ce qui attendait l’armée russe, s’exhalaient dans sa colère contre la plaisanterie déplacée de Jerkov.

— Monsieur, — prononça-t-il d’une voix perçante, avec un tremblement de la mâchoire inférieure, — si vous voulez être bouffon, je ne puis vous en empêcher, mais je vous déclare, que si vous osez encore vous permettre de bouffonner en ma présence, je vous apprendrai comment il faut se tenir.

  1. Dieu comme il est naïf !