Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/446

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pas des canons du flanc gauche, il savait déjà que là-bas, au commencement même de l’action, tous les canons avaient été abandonnés). Il me semble que je vous l’ai demandé, — fit-il à l’officier d’état-major de service.

— L’un était défoncé, — répondit l’officier de service, — et l’autre, je ne puis comprendre, j’étais moi-même là-bas presque tout le temps, j’ai donné les ordres et dès que je suis parti… Il est vrai que l’affaire était chaude, — ajouta-t-il modestement.

Quelqu’un dit que le capitaine Touchine était ici près du village et qu’on venait de l’envoyer chercher.

— Oui, voilà, vous étiez là-bas, — dit le prince Bagration au prince André.

— Oui, nous nous sommes manqués de peu, — fit l’officier de service en souriant aimablement à Bolkonskï.

— Je n’ai pas eu le plaisir de vous voir, — répondit froidement le prince André.

Tous se turent.

Sur le seuil parut Touchine qui se glissait timidement derrière le dos des généraux. En pénétrant dans l’izba étroite, Touchine, confus comme toujours devant ses chefs, ne remarqua pas la hampe du drapeau et trébucha contre elle. Quelques-uns rirent.

— Comment se fait-il qu’un canon ait été abandonné ? — demanda Bagration en fronçant les