Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/127

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les mêmes horreurs qui, elles aussi, causeront aux générations futures un grand étonnement par leur cruauté et leur insanité.

La maladie est toujours la même, mais les malades ne sont pas ceux qui profitent de ces horreurs. Mais qu’ils en profitent cent et mille fois plus ; qu’ils construisent des tours, des théâtres ; qu’ils pillent le peuple ; que Palkine le fouette ; que Pobiédonostzeff et Orgevsky pendent secrètement des hommes par centaines dans les forteresses, mais seulement, qu’ils fassent tout cela eux-mêmes ; qu’ils ne dépravent pas le peuple, qu’ils ne le trompent pas en le forçant à y participer comme le vieux soldat. Le mal terrible est dans cette idée qu’il peut exister pour un homme quelque chose de plus sacré que la loi de l’amour du prochain. L’homme peut accomplir beaucoup d’actes pour satisfaire aux demandes de ses semblables, mais il y a un seul acte qu’il ne peut faire : il ne peut, par ordre de personne, de n’importe qui, aller contre la volonté de Dieu : tuer et tourmenter ses frères. Il y a dix huit cents ans, à la question des Pharisiens : « Faut-il payer l’impôt à César ? » il fut répondu : « Rendez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu. »

Si les hommes ont une foi quelconque et croient que quelque chose est dû à Dieu, ils croiront tout d’abord qu’il est dû à Dieu ce qu’il a appris à l’homme en disant : « Tu ne tueras point », « Ne